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La révolte des gueux dans le "paradis" de Madame Thatcher

La révolte des gueux dans le « paradis » de Madame Thatcher

 

mercredi 10 août 2011

 

Les commentaires sur les émeutes en cours dans le pays de Madame Thatcher vont bon train et les images d’émeutiers maîtres des rues de Londres, de Brixton, de Birmingham, de Nottingham ou bien d’autres villes anglaises montrent si besoin est que si les gueux et les victimes du capitalisme se mettent marche, ils font trembler la terre entière et ils sèment la peur et le désarroi dans les rangs de leurs exploiteurs, les capitalistes et leurs fidèles serviteurs, les politicards asservis et corrompus. Si l’on suit les mass media aussi bien en Angleterre qu’en France et dans d’autres pays capitalistes, des mass media qui sont à la solde du grand capital et de leurs États, les émeutiers sont des pilleurs, des looters, et des criminels à qui le premier ministre anglais David Cameron promet d’utiliser toute » la force de la loi » pour les punir. Cette position répressive de Cameron est d’ailleurs approuvée par le parti travailliste qui est d’accord pour enfermer les émeutiers par milliers et d’ailleurs les autorités policières et judiciaires ont prévu des centres de détention supplémentaires pour accueillir en masse les fauteurs de trouble.

 

Les images diffusées par les mass media à la solde du capital montrent des jeunes gens de couleur cagoulés s’adonnant à des actes de vandalisme et de pillage sans expliquer le pourquoi et le comment des choses. La première technique de manipulation des mass media vise à donner aux événements en cours en Angleterre une couleur raciale et communautariste pour masquer le caractère social et de lutte de classe, entre les victimes d’un système qui condamne l’écrasante majorité de la jeunesse au chômage, à l’errance et à la misère d’une part et leurs exploiteurs, les capitalistes et ceux qui sont commandités pour maintenir le système en place, les politicards corrompus et asservis. Pour manipuler l’opinion publique et pour diviser la société selon le principe diviser pour régner, les mass media s’attardent sur les fauteurs de troubles de couleur sans montrer les exploités blancs qui participent aux émeutes au même titre que leurs collègues noirs. Il faut bien rappeler que ces émeutes ne sont pas une première en Angleterre puisqu’elles ont déjà commencé dès l’arrivée de Madame Thatcher au pouvoir en 1979, en 1980, 1985 et l’on a vu tout récemment depuis le début de cette année 2011, une vague de grèves et des manifestations, parfois d’une extrême violence menée par des étudiants contre le siège du parti conservateur à Londres.

 

Si l’on essaie de mettre en perspective les événements qui sont en cours dans l’Angleterre post thatchérienne, les émeutes qui sont parties de Nottenham jeudi dernier ne sont guère différentes par leur nature et leur visée politique et sociale de celles de Sidi Bouzid en Tunisie, de celles d’Egypte et d’autres pays du monde arabo-muslman, de celles de Wisconsin, de Grèce, d’Espagne, de Tel-Aviv. Les causes de toutes ces convulsions et de tous ces troubles qui n’épargnent aucune région du monde sont les symptômes pathologiques de l’exacerbation des contradictions sociales et en dernier lieu de la putrescence et de la désintégration du système capitaliste. Malgré leur différence ethnique et géographique, Mohamed Bouazizi qui a été à l’origine des révoltes tunisienne et qui a abouti à la fuite de Ben Ali et Marc Dugan sont à la fois les victimes d’un système, le système capitaliste mais aussi et surtout les signes révélateurs et avant coureurs d’un système sénile et cadavérique qui n’est plus capable de contenir comme par le passé ses propres contradictions et c’est pourquoi, comme Marx l’avait prévu, il est condamné à mourir de sa mort naturelle sans que la bourgeoisie, les capitalistes, les politicards asservis et leur bras armé, l’État, puissent changer quoi que ce soit au cours des choses et au sens de l’histoire.

 

Dans quelques jours, la bourgeoisie et la classe politique qui sert ses intérêts vont lâcher en nombre leurs chiens de garde dans les rues de Londres, de Birmingham, de Manchester etc à la recherche d’émeutiers qui vont être châtiés d’une manière exemple pour créer des effets dissuasifs sur les jeunes et  sur les exploités. La vengeance de la bourgeoisie et de ses appareils répressifs va être terrible à l’encontre des gueux qui ont osé défier les autorités et qui sont devenus ne serait-ce que pour quelques jours les maîtres incontestés des grandes artères commerciales à Londres et ailleurs. Certes, comme prévu, les gueux anglais vont payer cher leur révolte de misère et ils vont être sévèrement punis pour avoir malmené la bourgeoisie et ses laquais, les politicards et les appareils répressifs de l’État. Mais ces braves jeunes courageux qui ne sont pas seulement des pillards et qui n’ont rien à perdre que leurs chaînes resteront dans l’histoire comme ceux qui ont osé opposer à la violence physique et symbolique de la classe dominante dans le premier pays capitaliste du monde, leur propre violence qui est une vraie violence de classe, celle que devraient normalement exprimer toutes les victimes de l’exploitation capitaliste et tous les damnés de la terre. Au lieu de condamner les gueux anglais en les qualifiant de pillards et de criminels qui sont les termes utilisés habituellement par toute classe dominante à l’égard de ses ennemis, il faudrait plutôt ériger deux statues : l’une à la mémoire de Marc Dugan et l’autre dédiée à tous les « pillards » et les émeutiers anonymes qui ont su exprimer leur propre violence de classe.   

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés : Angleterre, émeutes, crise, capitalisme 

 

  

 

 

 



10/08/2011
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