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GUERRE FROIDE,QUELLE GUERRE FROIDE?(1)

GUERRE FROIDE, QUELLE GUERRE FROIDE ? (1)*

 

Les chiens de garde de l’idéologie dominante ont tellement conditionné nos esprits et nos manières de penser et de voir le monde qui nous entoure qu’il devient extrêmement difficile pour ne pas dire impossible de concevoir la réalité autrement qu’à travers leurs lunettes déformantes. La guerre froide est l’un de ces réflexes conditionnés que la propagande politique capitaliste a réussi à inculquer au monde académique et au grand public et elle est devenue aujourd’hui l’un de ces lieux communs à propos desquels on ne se pose pas trop de questions et l’on ne s’interroge pas sur son bien-fondé. Dans cet article, nous allons chercher à savoir ce que recouvre en réalité le terme de guerre froide.

 

Pur traiter notre sujet, nous avons fait appel à un célèbre journaliste, spécialiste de la guerre froide, André Fontaine, ancien directeur du quotidien Le Monde, qui a publié en 2004 « la tache rouge, le roman de la guerre froide »(Editions de la Martinière, 2004, 559 pages). Ce n’est pas le lieu ici de faire un compte rendu de lecture de et encore moins une critique de son contenu. Le choix de l’ouvrage en question est motivé par la volonté de savoir un peu plus sur la guerre froide, ses origines et la manière dont les faits et les événements sont relatés, interprétés et mis en perspective. La première chose que l’on a pu remarquer dès les premières pages du livre, ce sont le parti pris idéologique de l’auteur que l’on décèle aisément au fil des pages et sa façon d’interpréter les faits et les événements qui ont émaillé cette période charnière de la fin de la Seconde guerre mondiale, riche en rebondissements et en gesticulations diplomatiques et politiques et qui préfiguraient la naissance d’une nouvelle ère dans les relations internationales et un nouvel ordre mondial.  La deuxième chose que l’on relève à la lecture de ce livre est l’art de l’amalgame et de la confusion, où le ton est donné dès le premier chapitre avec un titre assez évocateur, « messianisme contre messianisme ». Que les pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique crussent à leur mission providentielle et qu’ils se prissent pour les nouveaux messies, cela ne fait aucun doute mais il n’y a pas qu’eux qui se croyaient investis d’une mission divine pour sauver le genre humain et pour lui apprendre les règles élémentaires de la civilisation et de la démocratie. À cet égard, les élans messianiques font partie intégrante de l’imaginaire collectif américain et de l’histoire politique des Etats-Unis à juger par les discours officiels de tous les présidents depuis 1776 à nos jours et qui ont toujours fait prévaloir leur mission providentielle. Il est vrai aussi que le messianisme est omniprésent chez les tsars russes de Pierre le Grand à Nicolas 1er qui se prenaient pour César et leur empire pour la troisième Rome. Là dessus, André Fontaine a mille fois raison de parler de messianisme américain et russe.

 

Mais là où le raisonnement de notre romancier de la guerre froide devient particulièrement vicieux, c’est quand il évoque le messianisme communiste en rapportant une phrase extraite des « manuscrits de 1844 » de Karl Marx mais citée par Yves Calvez dans « La pensée de Karl Marx » parlant du communisme comme étant « l’énigme résolue de l’histoire »(p.30), Non seulement, la citation n’est de première main mais notre romancier de la guerre froide enchaîne à partir de cette phrase citée de Karl Marx pour arriver à «  son disciple Staline qui prétendait en faire une science aussi exacte que la physique »(p.30). Avec cet amalgame et cette confusion entre Marx et Staline et l’affirmation de l’existence d’un messianisme marxiste et communiste, qu’André Fontaine montre qu’il a appris sa leçon à la bonne école, celle des »totalitariens » et des tenants de l’historiographie anticommunistes. Pour notre romancier de la guerre froide, il n’est donc pas question de se casser la tête et de s’embarrasser de subtilités et de nuances inutiles, car il suffit, comme le font habituellement ses acolytes, auteurs du totalitarisme et historiens anticommunistes du communisme, de tout mélanger et de mettre dans le même sac, communisme, stalinisme, terreur, goulag, camps de concentration etc. Il faut dire que cette technique de l’amalgame et de la confusion des genres est devenue l’arme favorite des anticommunistes qui sont passés maîtres dans l’imposture et l’escroquerie intellectuelle en confondant tout et n’importe quoi, nazisme, fascisme et communisme. Cette technique de l’amalgame et de la confusion des genres cherche à atteindre un but bien précis : empêcher les classes dominées de prendre conscience de leurs conditions d’hommes exploités et de les dissuader d’aller voir ailleurs. Tout le travail de la propagande politique dans les Etats capitalistes cherche à brouiller les pistes et à créer de la confusion dans les esprits des classes exploitées en leur faisant croire que tous les régimes politiques se ressemblent, que toutes les idéologies disent la même chose et que le système dans lequel elles vivent, en l’occurrence le capitalisme, est le système le plus merveilleux du monde et le meilleur jamais inventé depuis qu’il existe des hommes sur la surface de la terre.

 

Ce thème de messianisme chez les communistes sciemment inventé par leurs adversaires mérite quelques explications rapides. Peut-on réellement parler de messianisme chez les marxistes communistes? L’idéal communiste est-il une nouvelle forme de messianisme comme le prétendent les anticommunistes ? Un exploité qui cherche à modifier les conditions de son exploitation est-il guidé par on ne sait quel messianisme ou plutôt par ses conditions objectives et subjectives d’homme soumis et exploité qui le poussent à la révolte et même à la révolution? Les ouvriers et les paysans russes qui ont constitué le fer de lance de la Révolution bolchevique en 1917 étaient-ils des hommes mus par le messianisme ou par leurs conditions d’hommes exploités et asservis? Qu’y-a-t-il de messianique dans l’action des hommes qui veulent briser les chaînes de leur servitude et qui ont la ferme intention de se libérer des rapports d’exploitation qui leur ont été imposés par le mode de production capitaliste ? Vouloir briser ses chaînes d’exploitation et de servitude n’a rien de messianique, car le messianisme fait plutôt partie intégrante du fonds mythologique et idéologique des classes dominantes et des classes exploiteuses qui cherchent à convaincre les classes exploitées de rester ad vitam eternam à la place qui est la leur, de ne jamais bouger et de ne changer à l’ordre « naturel » des choses. 

 

Fin de la première partie

 

* ce texte est extrait d’un article téléchargeable sur notre site Internet en cours de construction.

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés : guerre froide.



27/09/2010
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